Le Manoir de la désolation.
Je sens autour de moi les âmes de tous ceux
qui ont vécu en toi, qui s’y sont rencontrés.
Et tes murs ont caché les joies comme les peines…
Bienvenu dans le Manoir de la Désolation.
Manoir, raconte-moi un peu de ton histoire,
Dis-moi qui t’a voulue au milieu de ce pré,
Et qui t’a éloignée du chant de la rivière ??
Qui t’a voulue si seule, bien qu’au regard de tous ??
Laisse-moi deviner ce que cachaient tes murs,
Ce qu’ils ont abrité de rêves et de murmures ;
Je sens autour de moi les âmes de tous ceux
Qui ont vécu en toi, qui s’y sont rencontrés,
Et le seuil accueillant de ta porte entr’ouverte
A-t-il vu d’autres gens s’arrêter comme moi,
Et chercher à percer le secret de ton vide ???
Qui a pu admirer dans le soleil couchant
Les yeux de tes fenêtres de rouge illuminées ??
Qui au petit matin a foulé le jardin,
Ecoutant les oiseaux se saouler de rosée ??
Et qui fût le dernier à éclairer de vie
Ce foyer qu’on t’avait donné de protéger ???
Aujourd’hui les orties ont volé le jardin,
Et les merles et les pies ne pilleront plus rien…
Même le vieux cerisier ne donne plus de fruit,
Depuis bien trop longtemps personne n’a cueilli…
Pourquoi ai-je eu besoin de m’asseoir sur ton seuil
Et de rester ainsi à écouter le matin ??
C’est toi qui a voulu que je reste un moment,
Toi qui m’a invité par ta porte entr’ouverte,
A profiter de toi, à chercher à saisir
Ce que tes vieilles pierres ne peuvent pas me dire…
Alors je suis entrée… comme dans un secret…
Tout doucement, sur la pointe des pieds,
Comme pour ne pas te déranger…
Et comme le soleil qui peine à se lever
Voilà que je n’ai pas envie de m’en aller...
Et voilà, mon illustre rencontre avec lui...
Et pour conclure ce voyage dans le temps, ci-dessous, le Manoir tel qu'il était en 1934, avant son abandon...
Sylvia.B
Heureusement que je suis assez grande maintenant pour laver mes habits, sinon j'oserai pas rentrer à la maison.